Ma vie sculptée

Marie Josée Kerschen

de Marie-Anne Lorgé

Originaire des terres rouges, Marie-Josée Kerschen – née à Esch-sur-Alzette en 1952 -, balance entre deux points cardinaux, le sud et le nord. Le sud du père et le nord de la mère. Mais aussi le sud des lumières chaudes de l’Italie et le nord de la rigueur des forêts. Toutefois, pour se réconcilier avec le sud, l’artiste ne doit pas perdre le nord. Elle se doit de retourner aux racines. Alors, sur ce chemin, à Vianden, là où elle vit depuis 1983, là où elle a transformé une sorte d’étable en atelier d’artiste, les arbres lui sont à la fois une fin (ou faim) et un moyen: la souche où enfoncer ses pas, la cime où perdre la raison et l’écorce où entretenir la mémoire.

Marie-Josée est elle-même une écorce. Rugueuse au-dehors, vulnérable en dedans. Au-dehors, elle est une force – la tronçonneuse dans le poing -, en dedans, comme une éponge, elle absorbe les chants, les poèmes, les amours, les coups du sort aussi, la maladie, le deuil. Et tout cela fait un mélange amer et doux, hypersensible et sur la défensive.